Rencontre avec sa colocataire

Cheryl sortit du taxi, suivie de près par sa mère et précédée par son père. Elle se tourna et regarda les immenses bâtiments qui se dressaient devant elle, et esquissa un sourire. Elle s'avança vers l'entrée principale et se retourna, un milkshake en main, en entendant les talons de sa mère et dit en anglais:

« Ne t'inquiète pas maman, tout ira bien! »

Hélène, la mère de Cheryl, soupira avant de lui tendre son sac à main Burberry. La jeune fille tapota sur sa jupe rose et attrapa son sac.

« Toutes tes affaires sont déjà dans ta chambre, qui est... dans le bâtiment 1, au premier étage et c'est la chambre 4, dit Aaron, le père d'Hélène en lisant un petit papier. Tiens, voilà.
- D'accord! Je vous appelle s'il y a le moindre problème. Promis! Allez, passez un bon voyage et appelez-moi en arrivant. Je vous aime. »

La brunette tourna les talons et entendit les portières claquer. Elle réajusta le nœud de son foulard noir puis entra sur le campus et fut soulager de voir que tout était parfaitement bien indiquée et fut devant sa chambre en un rien de temps. Elle changea son milkshake de main, et de cette main libre, elle ouvrit la porte de la chambre.

« C'est toi ma nouvelle coloc ? Moi c'est Anako. »

Cheryl n'était pas encore entrée qu'on lui parlait déjà. Elle chercha des yeux la voix et vit sa colocataire un peu plus loin.

« Je m'appelle Cheryl. Enchantée! »

Cheryl entra dans la chambre, refermant la porte derrière elle et bu une gorgée de son milkshake. Elle reconnu quelques unes de ces affaires sur un lit et alla s'asseoir sur celui-ci. La brunette retira son gilet Chanel, montrant ainsi un joli top beige en soie, et le posa à côté de son sac. C'est à ce moment-là qu'elle vit ce que Anako caressait.

« Et ce que tu caresses, c'est...? On a le droit aux animaux ici? Est-ce que ça mord, c'est propre? Et rassure-moi, ça reste toujours avec toi? Mais surtout, est-ce que ça perd ses poils? Tu me diras, j'ai un rouleau autocollant qui enlève les poils mais c'est pour savoir en fait... être préparée... »

Cheryl passa outre la réflexion sur le sac Gucci qui lui permit néanmoins de constater que Anako ne serait, malheureusement pas une partenaire de shopping car n'importe quelle spécialiste sait que la marque Gucci n'est bonne que pour ses chaussures. Au nom de Newton, Cheryl comprit aussitôt la référence au physicien, comme pour tous les grands 'héros' scientifiques du passé. Elle sourit à l'enthousiasme avec laquelle Anako parlait de son rat. Elle n'avait jamais eu l'occasion d'avoir d'animaux, raison pour laquelle elle avait toujours trouvé bizarre cette affection démesurée que certains éprouvaient envers leurs animaux.

« Tu fais des études scientifiques pour avoir appelé ton rat comme cela? Tu es en quelle classe d'ailleurs? »

Quand elle vit Anako s'approcher d'elle avec son animal, Cheryl ne pu s'empêcher de paniquer et encore plus lorsque la bête couina. Mais il fallait se montrer gentille, après tout, elle allait partager sa chambre avec eux pendant minimum un an... La jeune fille posa son milkshake sur la table de chevet et enleva ses gants blancs, les posant sur ses genoux.

« Tu sais, je n'ai jamais eu l'occasion de caresser des animaux, commença-t-elle en approchant lentement ses mains du rat, ma mère est allergique alors la seule fois où j'ai caressé le chat d'une amie, je n'ai pas pu approcher ma mère de toute la journée.. C'était une horreur, j'avais l'impression d'être une pestiférée.. ! »

Elle laissa sa main suspendue dans l'air et regarda le rat, comme pour être sûre qu'il ne la mordrait pas. Rapidement, elle passa ses doigts fins sur la tête du rat.

« Oh, c'est tout doux! C'est mignon. Tu l'as depuis longtemps? »

Cheryl eut tout juste le temps d'enlever ses gants de ses genoux avant que 'Newton' ne soit déposé sur ses genoux. Elle respira un grand coup en sentant les petites pattes de l'animal sur elle. Heureusement que Anako s'était reprise en ce qui concerne l'urine du rat. Aussi gentille qu'elle voulait être, elle n'était pas prête de laisser un rat lui salir ses vêtements, tout neufs! Elle regarde Newton lécher le doigt de sa maîtresse. La brunette passa à nouveau ses doigts sur le rat.

« Il est vraiment très mignon. Tu vas trouver ma question bizarre mais, est-ce qu'il a une roue ou quelque chose comme ça pour faire du sport? Parce que je me souviens qu'au collège, nous avions des cochons d'inde dans une cage et j'adorais les regarder faire leur sport! C'était juste a-do-ra-ble. »

Cheryl s'arrêta de parler et examina plus attentivement sa colocataire. Elle était du genre gentille qui ne causerait pas trop de soucis. Elle était décidément plus jeune qu'elle, c'est une littéraire et elle parle avec son rat comme s'il s'agissait d'un être humain. Elle avait même préféré mettre ses habits sous son lit pour laisser de la place à son rat!

J'ai bien lu quelque part qu'il y a un dressing dans chaque chambre.. sinon, je n'aurais pas assez de place pour mes habits!

« Han, mais quelle horreur! dit-elle à haute voix. »

Se rendant compte que ce qu'elle avait dit pouvait être mal interprété, elle s'empressa d'ajouter en caressant à nouveau Newton qui commençait à se promener sur elle.

« Je ne parle pas de Newton, rassure-toi! Je pensais à quelque chose d'autre... Dis-moi, tu es là depuis longtemps? Tu as déjà fais quelques rencontres? »

"Ouaw, un manga! C'est super dis donc! J'espère que j'aurais l'occasion de le lire! Mais après, je trouve ça normal cette séparation entre les riches et les boursiers. Tu imagines, on n'a pas vraiment le même niveau de vie et j'avoue que je me sentirai un peu plus coupable d'étaler toute la richesse de mes parents devant quelqu'un qui en a moins... Tu dois me prendre pour une fille superficielle."

Cheryl fut soulagée de voir Newton s'éloigner d'elle, ce qui lui permit de reprendre son milkshake avant qu'il ne fonde. Elle en sirota quelques gorgées. Il faudra définitivement qu'elle s'habitue au rongeur.

"Tu es courant qu'il y a un blog qui fait circuler des rumeurs sur les élèves ? Faut surveiller nos arrières !
- Oh, tu sais, je suis américaine alors les blogs avec des rumeurs qui courent, j'ai l'habitude! Parfois, nous recevions même les derniers potins par sms! C'est bien de faire parler de soi, mais il faut savoir comment faire et éviter que quelque chose de compromettant ne s'échappe. C'est facile, il suffit de ne pas être vues avec les mauvaises personnes, de savoir... Enfin! "

Elle regarda Newton rouler dans sa boule et sourit. Elle se redressa et décida de ranger les quelques affaires qui restaient sur son lit. Elle ouvrit le premier sac de voyage et en sortit tout son nécessaire de photographie qui était soigneusement emballé dans son sac.

"J'adore la photographie, répondit-elle à une question qu'on ne lui avait pas posé. J'espère qu'un jour tu me laisseras immortaliser ton joli Newton! Je suis persuadée qu'il fera un excellent modèle, déclara-t-elle en souriant. Et dis, tu as déjà fais le tour des environs? Il y a des choses intéressantes à faire? Un centre commercial pas trop loin?" demanda-t-elle, des étoiles dans les yeux, sentant déjà l'ennui monter en elle.

Cheryl ouvrit la pochette de son appareil photo et le fit sortir. Elle le regarda quelques secondes avant de l'allumer et de prendre quelques photos nulles, afin de vérifier que le voyage n'avait pas endommagé son matériel. L'appareil fit un grand flash, Cheryl regarda la photo et constata que tout allait bien. Elle rangea soigneusement l'appareil dans la pochette et le mit dans le tiroir de sa table de chevet. Elle n'avait saisi que quelques bribes de la réponse de sa colocataire.

Aller dîner avec elle et "Lilith" me permettrais de ne pas passer le soirée seule et de me familiariser avec les environs... à voir.

"Un sushi shop? Vraiment? C'est gentil de ta part, mais je n'ai pas envie de m'imposer dans votre sortie. Ton amie ne veut peut-être pas d'une étrangère... "

Elle referma le premier sac et ouvrit le deuxième, renversant sur le sol la vingtaine de paires de chaussures qu'il contenait. Elle les ramassa les unes après les autres et fit des allers-retour vers son dressing où une trentaine de paires de chaussures étaient déjà rangées.

"Être ta styliste? Elle regarda Anako de la tête au pied, un léger sourire sur les lèvres. Oui, pourquoi pas. Tu ne pourrais être entre de meilleures mains!" dit-elle en montrant une paire de ballerines qu'elle tenait dans la main droite.

Elle s'arrêta quelques secondes et regarda Anako dans les yeux. Elle commençait déjà à s'ennuyer.

"Mais pourquoi as-tu besoin d'une styliste? C'est pour un garçon? Ou une fille peut-être? A moins que Newton ne soit l'unique amour de ta vie?" demanda-t-elle en s'appuyant contre le mur, sa paille dans la bouche, le regard pétillant. Elle savait que ce genre de questions mettaient souvent les filles mal à l'aise.