Wild is in School .

Enfin.
C'était pour le moment le seul mot qui aurait pu franchir les lèvres du jeune Jay s'il n'avait pas décidé de rester silencieux puisque seul en cet endroit qui deviendrait probablement celui où il passerait le plus de son temps libre. Le complexe sportif de Seta, le grand, le tant attendu et espéré. Mais ... la piscine dont ils vantent les mérites aurait-elle la faculté de créer des vagues aussi démentielles qu'en Australie ? La réponse était évidente ... non. Cependant , notre cher blondinet ne pouvait se sentir plus qu'enchanté de se trouver ici. Il avait eût le droit à une bourse et avait ainsi intégré la prestigieuse école Seta qui était son deuxième objectif en arrivant au Japon. Le premier qui n'était autre que de devenir le plus grand surfer au monde et qui ne pouvait se faire sans celui-ci , il commençait bien ...

- Voyons si le terrain nous est favorable ...

Il passa sa main libre dans sa longue chevelure de la couleur des blés , puis il balança son skateboard devant lui avant de sauter soudainement dessus pour prendre le plus de vitesse possible. Le sol n'était pas des meilleurs , mais peut-être qu'il n'était aussi pas fait pour accueillir les planches à roulette ...
Enfin , Jay en fit abstraction et continua ainsi sa lançée en se rapprochant un peu plus vite des quelques bancs simples çi et là pour sauter dessus et glisser avec autant de facilité que lorsqu'il dompte une vague. Un franc sourire satisfait commença peu à peu a s'esquisser sur ses lèvres tandis qu'il se sentait de plus en plus à l'aise avec l'environnement dans lequel il allait devoir vivre et s'entrainer pour une période plutôt longue mais qui ne lui serait que plus favorable pour les années à venir en tant que Surfer Professionnel.
Chambre C. C'était celle qu'on lui avait confié dès son arrivée. Il était pour l'instant seul dans la chambre qu'il avait à peine visité puisqu'il s'était empressé d'en sortir pour rouler, mais il semblait qu'il pourrait la partagée avec quelqu'un dès que celà se présenterait. Peu importe, tant qu'il n'empiètre pas sur sa vie privée. Mais Jay n'était plus là pour analyser quoi que ce soit. Tout du moins pas visiblement. I lfallait qu'il devienne le meilleur en tout , en n'importe qu'elle matière, en n'importe quoi, il fallait qu'il soit premier afin de monter en apogée jusqu'à son unique objectif et ainsi sortir sa mère de cet enfer qui n'a que trop durer.
Et comme si cette pensée seule pour sa mère arrivait à le déstabiliser, il ne vit pas l'unique mais pourtant fatal petit caillou devant lui , ce qui stoppa net sa planche de skate , l'envoyant en avant pour finir en une jolie roulade au sol ...

- Arf.. , soupira-t-il dans une petite plainte.

Chiyo tourna la dernière page de son livre, puis soupira. Génial, maintenant, elle n’avait plus rien à faire. Elle regarda autour d’elle, et se demanda une fois de plus si elle allait bientôt avoir une nouvelle colocataire. Ça lui rendrait peut-être les week-ends moins monotones…

Et en plus, cette chambre était beaucoup trop grande pour elle seule. D’ailleurs, elle avait entendu dire que les boursières tenaient à trois dans une chambre beaucoup plus petite. Voilà qui ne l’étonnait pas. Mais elle ne comprenait toujours pas pourquoi on tenait tant à distinguer les moins fortunés des autres. Elle avait bien vu depuis l’an dernier qu’il y avait une réelle discrimination, et que les filles de riche ne se gênaient pas pour répandre des rumeurs sur les boursières. Mais au fond, elle se considérait chanceuse que ce ne soit pas son cas. On lui parlait rarement, mais ce n’était pas assez pour traîner son nom dans la boue.

Elle décida de se promener à l’extérieur, et peut-être même aller jusqu’à Kagoshima pour aller au cinéma. Elle avait entendu dire qu’un excellent film américain venait de sortir…

Elle emprunta donc le petit chemin menant à la sortie de l’école, en prenant la peine d’observer le paysage autour d’elle. D’ici, elle pouvait apercevoir la plupart des bâtiments, et aussi le complexe sportif devant lequel elle aurait à passer.

Elle s’était peu à peu acclimatée à cette école, et commençait même à l’apprécier. Il faut dire que ce n’étaient pas toutes les écoles qui pouvaient de payer une aussi grande bibliothèque, et des équipements pour tous les sports imaginables. Depuis la nuit des temps, l’argent permettait de tout avoir. Et Seta en était un bon exemple.

Chiyo en était donc à ces pensées lorsqu’elle entendit un bruit sourd, tout près. En se retournant brusquement, elle aperçut un jeune homme sur le sol, à quelques mètres d’une planche de skate. Le pauvre avait dû s’accrocher dans quelque chose…

Elle courut vers lui, le détaillant par la même occasion. Il devait être plus vieux qu’elle, car elle ne l’avait jamais vu dans ses classes, et il faut dire que ses cheveux longs auraient attiré son attention. C’était interdit de les avoir de cette longueur, même pour une fille, mais manifestement il se foutait bien de cette règle.

Sa première pensée en voyant ses coudes écorchés fut d’appeler une ambulance, mais elle se ravisa : il ne serait sûrement pas d’accord. Mais comme elle ne pouvait pas le laisser là, tout seul, avec du sang sur lui!

- Tu…Tu as besoin d’aide?

Elle se pencha pour ramasser la planche, qu’elle lui tendit avec amabilité. Elle n’était pas trop amochée, seulement poussiéreuse.

- Je peux aller chercher une trousse de premiers soins à la clinique, si tu veux.

Chiyo s’inquiétait sérieusement pour lui. Oui, elle voyait bien qu’il n’avait que quelques écorchures sans importance, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Il faut dire qu’elle-même croyait qu’elle allait mourir d’hémorragie quand elle se coupait avec une feuille de papier. Mais bon. De toute façon, il n’avait pas l’air de souffrir. Vraiment pas, en fait. Rien qu’à voir sa carrure, on savait que ce n’était pas son genre de pleurer comme une fillette tout seul au milieu de la cour. Il lui semblait plus songeur qu’autre chose, ainsi, à observer les nuages. Elle aurait pu penser qu’il s’était couché là par choix si elle ne l’avait pas entendu tomber.

Quand elle lui adressa la parole, il se releva, comme s’il n’avait pas réalisé que sa situation était pour le moins particulière. Il était quand même étendu sur l’asphalte, sans aucune raison apparente. Chiyo le vit essayer de mettre un peu d’ordre dans ses cheveux, mais l’effet ne fut guère mieux. Elle n’osait même pas se demander combien de temps ça devait lui prendre chaque matin pour les démêler. Il devait les garder aussi longs pour le style, parce que côté pratique…

- Hum.. merci , mais je ne pense pas que ça soit nécéssaire.

Hmm, elle se doutait de la réponse…Premièrement, il n’était pas dans un état catastrophique. Deuxièmement, les hommes n’avouent jamais qu’ils ont mal. C’est une loi non-écrite universelle. Mais il lui sourit, ce qui la rassura. Il ne la regardait pas d’un air condescendant du genre « Tu sais qui je suis? » comme la plupart des garçons de sa classe, qui se croyaient meilleurs que tout le monde. Il ne semblait pas insulté qu’elle ait cru qu’il pouvait avoir besoin d’aide. Il semblait fier, mais pas orgueilleux.

- Je te remercie de ton aide. Je m'appelle Jay et ... je faisais simplement connaissance avec le sol de l’établissement.

Elle ne put retenir un petit rire, qu’elle cacha derrière sa main. Depuis l’école primaire qu’on lui disait et répétait qu’une jeune fille ne devait jamais montrer ses dents en riant, elle avait fini par apprendre la leçon.

- Oh, mais c’est tout naturel, fit-elle en rougissant légèrement. Moi c’est Chiyo…Je suis en deuxième année. Désolée si je suis indiscrète mais…Tu t’en allais où avant de rencontrer notre cher sol bien-aimé?

Après tout, c'était normal de penser qu'il voulait aller en ville. Il était tout près de la sortie, et sur un skate en plus...

Bien heureusement pour lui , Jay était tombé sur une personne qui avait de l'humour puisqu'elle se permit un petit rire face à sa remarque idiote. Celà ravit le jeune homme et il esquissa à son tour un sourire à la jeune fille qui ne semblait pas du tout des plus hostile.
Enfin , elle se présenta sous le nom de Chiyo et elle lui précisa qu'elle se trouvait en seconde année à Seta. Elle devait donc , logiquement, avoir à peine un ans de moins que lui.

- Dans ce cas , enchanté , Chiyo .

Puis la jolie jeune fille lui demanda où est-ce qu'il allait avant de faire plus ample connaissance avec le sol , esperant ne pas être trop indiscrête , ce qui fit doucement rire Jay malgré lui. Décidement , cette Chiyo semblait très à cheval sur la politesse et tout ce qui s'en approchait. Elle n'allait peut-être pas plus l'apprécier que celà s'ils se revoyaient plus tard et dans d'autres circonstances. Mais le surfer fit abstraction de tout celà et il sse contenta de redresser son skateboard d'un coup sec du pied pour le saisir d'une main avant de regarder le large stade.

- Et bien... je voulais rouler un peu , visiter les lieux. Je ne viens pas d'ici , je ne connais rien de l'extérieur alors je préfère rester dans l'établissement au moins aujourd'hui pour m'y faire.

Et Dieu sait que celà sera malheureusement long ... Mais encore une fois , il n'y pensa pas et continua de regarder Chiyo.

- Et toi , tu étais à la recherche d'un pauvre garçon tombé de son skateboard ou bien tu visitais aussi ? lui dit-il sur un ton de plaisanterie.

- Dans ce cas , enchanté , Chiyo .

Chiyo sourit, ravie que les présentations soient faites. Elle était toujours anxieuse face à ce moment décisif, qui déterminerait pour la vie quelle impression elle donnerait. Mais d’après ce qu’elle pouvait voir, ça s’était bien passé. Il ne l’avait pas regardée d’un air méprisant ni n’avait tourné les talons. En fait, ce n’avait pas trop l’air d’être son genre, mais elle le connaissait à peine…

- Et bien... je voulais rouler un peu , visiter les lieux. Je ne viens pas d'ici , je ne connais rien de l'extérieur alors je préfère rester dans l'établissement au moins aujourd'hui pour m'y faire.

Tiens tiens, voilà qui était curieux. Pourquoi ne fréquentait-il pas l’école depuis la première année, comme la majorité? Ses parents avaient peut-être fait fortune tout récemment? Mais mieux ne valait pas poser la question, ce serait bien trop impoli.

- Et toi , tu étais à la recherche d'un pauvre garçon tombé de son skateboard ou bien tu visitais aussi ?

Ah, cela faisait bien longtemps que plus personne ne se donnait la peine de la faire rire. Tout le monde semblait penser qu’elle était trop ennuyeuse pour apprécier un peu d’humour.

- Eh bien, en deux ans j’ai pas mal tout vu, même que je commence à avoir hâte de changer d’air…

Depuis quelque temps, elle s’était même mise à compter les jours qui la séparaient de l’obtention du diplôme. C’était dire à quel point elle avait hâte de vivre sa vie comme elle l’entendait…

- J’allais au cinéma, la présidente du club de cinématographie m’a dit qu’un excellent film était sorti y’a pas longtemps.

Oh, voilà même qu’elle relâchait son vocabulaire! Elle devrait vraiment mieux observer l’éthique la prochaine fois qu’elle ouvrirait la bouche…

La dénommée Chiyo lui indiqua qu'elle avait eût tout le temps qu'elle voulait pour visiter l'Académie en deux ans. Donc , elle était ici depuis plus longtemps. Et cependant , la jeune fille avoua qu'elle avait hâte de changer d'air. Jay comprenait parfaitement ... toujours rester au même endroit , voir les même personnes , faires toujours les même choses ... quand la vie devient monotone , on ne prend plus aucun plaisir à la vivre pleinement.

- Je comprend. se contenta-t-il de lui répondre.

Enfin , la jolie jeune fille lui indiqua qu'elle allait en faite se rendre au cinéma puisque la présidente du club cinématographique lui avait dit qu'un bon film était sortit . Et à ce moment , le jeune homme remarqua que Chiyo avait plus d'aisance dans son vocabulaire , ce qui le fît sourire sans que ça soit prit pour de la moquerie.

- Vraiment ? Je ne suis pas très film , je n'en ai pas vu beaucoup. En faite , je suppose que je dois avoir de très mauvais goûts au niveau du cinéma , c'est peut-être pour ça que je me trompe souvent de film. dit-il dans un air exaspéré à son propre égard.

Enfin , il regarda furtivement autour d'eux en passant sa main dans sa longue chevelure blonde.

- En faite , je serais bien aller à la plage , histoire de goûter aux vagues japonaises.

Chiyo se retint d’ouvrir des yeux ronds d’étonnement. Comment une personne normalement constituée pouvait-elle ne pas aimer se retrouver assise devant un bon film? Mais bon, s’il tombait toujours sur des navets comme il le prétendait, c’était sûr que ça ne devait pas aider…Elle-même était parfois extrêmement déçue pendant une séance, soit parce que les acteurs manquaient de talent ou alors parce qu’il n’y avait aucune intrigue. Mais le jeune homme ne devrait pas s’arrêter à ça! S’il voulait, elle pourrait lui conseiller des titres…

Chiyo fronça les sourcils en l’entendant parler de vagues « japonaises ». Ainsi donc, il n’était pas du coin? Maintenant qu’elle y songeait, il avait bien un petit accent, mais tellement léger qu’il en était à peine perceptible. Soit il était ici depuis longtemps, soit il s’était donné à fond dans ses cours de japonais…

- Je ne crois pas que les vagues japonaises soient plus belles que les autres, mais il faut dire que je n’ai pas l’habitude d’aller à la plage…

Ce n’était pas qu’elle détestait la plage en tant que telle, mais plutôt le fait d’être en maillot de bain devant des dizaines, voire des centaines d’inconnus…Rien que cette pensée la faisait frissonner.

- Mais sinon, d’où viens-tu? Désolée de ma curiosité, mais c’est que je n’ai pas l’habitude de croiser des étrangers dans le coin…

Elle aurait bien voulu lui demander ce qui l’avait amené à quitter son pays pour venir à Seta, ce qu’en pensaient ses parents, s’ilétait boursier…Mais cela aurait été bien trop impoli, et indigne d’une jeune femme de la haute société.