Une arrivée des plus simples (libre)

Des cours, toujours des cours. Cheryl venait de terminer sa journée de cours, elle était bien contente. Malgré ce qu'on pouvait penser, c'était une jeune fille très studieuse, dévorer des livres, passer des heures sur un devoir de mathématiques, la composition des espèces vivants, protons, neutrons... que des sujets qui faisaient horreur aux autres, elle, elle adorait cela. Non, il n'y avait pas que le maquillage, le shopping et la photographie dans cette jolie tête.

La jeune américaine était de bonne humeur aujourd'hui, cela faisait un peu plus d'un mois qu'elle était arrivée et avec le mois de mai, le soleil faisait son grand retour. Il faudrait d'ailleurs qu'elle pense aller faire du shopping, afin de se munir d'une nouvelle garde de robe d'été et de jolis maillots de bain. Elle sourit à cette idée. L'été, la plage, le sable fin, l'océan... C'était sa saison préférée avec l'hiver. Oui, elle était du genre a aimer tout et son contraire.

Ses longs cheveux bruns volant avec la petite brise, elle arpentait tranquillement le hall dans sa jolie robe Marc Jacob, ses chaussures Alexander McQueen qui résonnaient dans le hall et qu'elle avait amené des États-Unis et sur son épaule gauche, prônait fièrement son dernier sac Burberry, fraîchement offert par sa mère. Sa paire de lunettes Chanel reposait tranquillement sur son nez. Tout allait bien dans le meilleur des mondes. Le mois qui s'était écoulé, avait été riche en émotions et évènements, mais peu à peu, elle avait réussi à se faire une place dans ce lycée. Certes, elle n'était pas aussi bien placée qu'à l'époque où elle était aux États-Unis, mais chaque chose en son temps et son statut lui plaisait bien comme ça. Elle savait bien que nombreux étaient ceux qui se moquaient d'elle à cause de ses tenues, des marques qu'elle portait, mais ses gens-là, ils ne la connaissaient pas, elle ne les connaissait pas, alors leur avis...

Tandis qu'elle réfléchissait au programme qui pourrait occuper la fin de la journée, elle arriva à hauteur du panneau d'affichage où elle savait que son prénom était inscrit comme responsable du club de dessin. Premier pas dans cette école. C'était quelque chose de réconfortant. Elle comptait continuer sa route, remonter dans son dortoir reposer ses livres de sciences qui étaient dans sa main, quand elle remarqua la fille, beaucoup plus âgée qu'elle plantée devant la panneau. Rares étaient les élèves qui regardaient le tableau, tout était disponible sur internet. S'agirait-il d'une nouvelle? Un mois après la rentrée, c'était possible. Cheryl n'en doutait pas, surtout qu'à son teint de peau, elle remarquait bien qu'il ne s'agissait pas d'une japonaise, elle l'aurait remarqué plus tôt si elle avait été là dès le début de l'année. Quoique... Étant donné son âge, elles ne partageaient peut-être pas les mêmes locaux. Cheryl haussa les épaules, ce n'était pas très important. Elle n'avait pas le temps de s'occuper d'une pauvre perdue, quelqu'un d'autre le ferait bien. Il y avait toujours des élèves pour traîner dans les alentours.

« Ne t'attends pas à ce que quelqu'un de l'administration vienne t'aider, ils sont souvent occupés à faire d'autres choses, comme regarder à travers la baie vitrée. »

Après avoir observé la fille quelques secondes, elle trouvait qu'elle avait une jolie silhouette, Cheryl préféra continuer sa route.

Cheryl fut légèrement surprise lorsqu'elle entendit la fille parler en anglais. Sa couleur plus pâle, proche de la sienne, son attitude ainsi l'impression qu'elle dégageait. Évidemment, elle aurait du s'en rendre compte immédiatement, c'était elle aussi une américaine. Toutefois, elle avait déjà tourné les talons, alors tant pis pour son esprit compatriote. Pourtant, elle aurait bien voulu faire connaissance avec elle, les étrangers étaient plutôt rares, même si présents. Sa bonne action étant faite – autrement dit avoir évité à une fille d'attendre en vain -, Cheryl reprit le cours de son planning, elle irait bien se refaire les ongles... Néanmoins, elle entendit à nouveau de l'anglais résonner dans le hall. Elle se tourna pour découvrir que l'américaine l'avait rejoint.

« * It's okay, I understand. During my first week in Japan, my sentences were in both English and Japanese. Trust me, when you see that people are looking at you in a funny way, you quickly lose that bad habit. But it's quite cute with boys. » dit-elle en souriant à son interlocutrice.

Cheryl ne s'était donc pas trompée, elle était vraiment plus âgée qu'elle. Une prépa? Elle se demandait à quoi les cours de prépa ressemblaient et en quoi ils étaient différents de ceux du lycée. Son interlocutrice était-elle ne prépa littéraire ou scientifique? Elle vit qu'elle venait de s'attacher les cheveux. Cheryl trouva ça dommage, peut-être était-elle dérangée par la chaleur. Elle portait un uniforme. Rares encore étaient ceux qui portaient l'uniforme, enfin, à elle, l'idée de porter l'uniforme ne lui avait pas traversé l'esprit. Surtout qu'aux États-Unis, l'uniforme, c'était pas ce qu'il y avait de plus courant. Peut-être que son interlocutrice n'avait pas d'habits à se mettre? Ou peut-être était-elle une enfant à cheval sur les consignes et qui portait l'uniforme parce qu'il était inscrit dans le règlement et que cela évitait de se faire remarquer. Cependant, en tournant la tête, Cheryl vit bien que la fille aux cheveux châtains était suivit du regard.

« * Those looks will always follow you, either you cope with them, or you try to blend in, préféra-t-elle dire en anglais, elle savait que des oreilles indiscrètes traînaient partout dans ce lycée. Quant au bâtiment des prépa... je crois qu'il est à l'opposé d'ici, ici c'est l'entrée des lycéens. Je vais dans cette direction alors si tu veux, suis-moi et je t'indiquerai ensuite comment y aller. Et effectivement, tu es plus âgée que moi, je n'ai que 16 ans, je suis en deuxième année. »

Évidemment, si le bâtiment des prépa n'avaient pas été sur son chemin, elle l'aurait laissé se débrouiller avec les plans. Chacun ses problèmes comme lui répétait-on sans cesse quand elle avait besoin d'aide dans le passé. Désormais, elle se débrouillait toute seule. Tant qu'à partager un bout du trajet avec elle, autant faire un minimum connaissance.

« Qu'est-ce qui t'as fais quitter notre belle Amérique pour le Japon? Parce que tout de même, nous avons les universités les plus prestigieuses du monde, avec l'Angleterre bien entendu. Et peut-être La Sorbonne en France. »

C'était donc une New-Yorkaise, ses parents étaient journalistes... L'addition ne fut pas difficile à faire, les parents de Katty, puisse que Katty elle s'appelait, devaient forcément être riches. Pas que cela avait une quelconque importance. Bon, peut-être car si les choses se passaient bien entre les deux jeunes américaines, elle serait une bonne copine pour aller faire les boutiques. Mais comme elle le répétait souvent, chaque chose en son temps. Cheryl n'était pas du genre à se fier aux premières impressions ni même à tirer des conclusions hâtives. Alors même si une personne semblait gentille aux premiers abords, elle pouvait se révéler peste par la suite.
Tandis qu'elles arrivaient au bout du hall, Katty venait de disparaître dans un vestiaire et la jeune femme mettait un temps fou à en ressortir. Cheryl avait beaucoup, beaucoup d'autres choses à faire. Ce n'est pas parce qu'elle était plus âgée qu'elle qu'elle pouvait se permettre d'ainsi faire attendre Cheryl, surtout que c'était elle qui avait besoin de Cheryl et non le contraire. La jeune fille sortit une feuille de son sac, inscrivant son numéro de téléphone, prête à le scotcher à la porte du vestiaire au cas ou Katty en aurait besoin si elle venait à se perdre. Ne vous faites pas d'illusions, le numéro de téléphone de Cheryl, elle le distribuait comme des petits pains. Ce n'est pas pour autant qu'elle répondait à tous les appels. A ce moment-là, l'américaine sortit, presque métamorphosée, très joliment habillée. Cheryl fut agréablement surprise de voir que Katty aussi avait de bon goûts, même si elle n'était pas fan des skinny.

« Joli sac. Tiens, dit-elle en lui tendant le morceau de papier. Voilà mon numéro, je suis chambre 4 si tu as besoin de quelque chose, ajouta-t-elle par politesse. Si je n'y suis pas, ma colocataire se fera un plaisir de t'aider. »

Cheryl marqua une pause, sortant son portable azerty de son sac et nota le numéro de Katty puis elle pointa du doigt un bâtiment.

« Les dortoirs sont là, les filles sont au premier étage et les garçons au rez-de-chaussée. Il y a un couvre-feu... mais tu as du le lire dans la brochure. Je des affaires à déposer dans ma chambre alors j'imagine que c'est ici que nos chemins se séparent.»